En novembre, la ville de Douarnenez a eu le plaisir d’accueillir en son port le plus grand navire décarboné du monde : Avontuur. La raison de cette venue ? Faire une halte en terre bretonne pour charger le navire de cidre à destination de la Sicile. La petite cidrerie biologique d’Elliant Melenig avait été prévenue quelques jours auparavant par l’entreprise Towt spécialisée dans le transport maritime à la voile du souhait d’un client italien de se faire livrer du cidre. Ainsi, pour Christian Toullec, fondateur et propriétaire de la cidrerie depuis sa création en 2000, cette demande répondait à son envie de faire de son cidre, un produit écologique à la fois dans sa production et dans son transport. La cidrerie a entamé sa conversion en production biologique à partir de 2009 et depuis, elle propose une gamme complète de cidre, eaux de vie, ou jus de pommes écologiques. Vendu à 80% en Bretagne, les vingt pourcents restants s’exportent un peu partout dans le reste de la France ou à l’étranger. Déjà disponible à Nantes, le cidre du Pays de Cornouaille peut se trouver un peu partout en Bretagne et l’entreprise souhaiterait encore diversifier ses points de vente notamment en Ille-et-Vilaine.

L’entreprise Towt, qui a racheté le cidre à la petite production peut se vanter de garantir un transport bien plus neutre en carbone. Depuis sa création en 2011, l’entreprise a déjà fait économiser au transport maritime mondial, responsable à hauteur de 4% des émissions de gaz à effets de serre, 1500 tonnes de CO2. L’entreprise de 10 salariés souhaite étendre son action avec le projet Phœnix. Un nom anodin ? Certainement pas ! En 2017, le stock de l’entreprise prend feu et à cette occasion, l’entreprise décide de voir encore plus gros. Elle investit 400 000€ dans la recherche et développement et dans la recherche de nouveaux clients. Cet investissement permet notamment en partie de financer son premier cargo-voilier de 67 m de long, aussi rapide que les porte-conteneurs actuels. Le cargo devrait prendre le large en 2021.

L’arrivée du cidre breton en Italie devrait être une bonne nouvelle pour l’ouverture au monde de la petite entreprise bretonne qui compte aujourd’hui 1 salarié en plus du directeur, mais aussi pour l’ensemble des cidreries bretonnes. Ces dernières seraient d’autant plus satisfaites de l’arrivée de ce nouveau marché, que la crise de la Covid les impacte fortement : 40% de la marchandise de la cidrerie de Melenig se dégustait en restaurant. La demande des Italiens pourrait faire boule de neige et déboucher sur d’autres commandes.