La Bretagne restera composée de quatre départements. Les partisans de la Bretagne historique n’ont pas réussi à la marier avec la Loire-Atlantique. Les dirigeants d’entreprise sont déçus.

Depuis des lustres, les partisans de la Bretagne historique souhaitent qu’elle puisse retrouver sa géographie initiale à cinq départements en y intégrant la Loire-Atlantique. Nantes, la Cité des Ducs de Bretagne, avait été séparée de sa région d’origine sur décision du gouvernement de Vichy. Le Parlement n’a pas suivi les lobbyistes, la Bretagne restera à quatre départements. Les deux régions Bretagne et Pays de la Loire ne devraient cependant pas se tourner le dos, bien au contraire car elles ont depuis longtemps l’habitude de travailler sur des sujets économiques communs.


Des relations pérennes ont été engagées dans le domaine universitaire et dans la recherche. Les pôles de compétitivité Images & Réseaux (internet), Mer Bretagne Atlantique, ID4Car (mobilité), Valorial (nutrition), EMC2 (nouveaux matériaux) et Végépolis (végétaux) interviennent indifféremment dans les deux régions quand la SATT Ouest Valorisation (Rennes) chargée de faire émerger des projets d’entreprises issus des laboratoires publics travaille autant en Bretagne que dans les Pays de la Loire.
Et, s’il voit le jour, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, financé par les deux régions, devrait irriguer le grand Ouest alors que se dessine un projet de voie ferroviaire rapide de type TGV entre Rennes et Nantes.

PAS DE « BÊTE DE COURSE »

Les regrets des patrons sont néanmoins palpables. Avec la Loire-Atlantique, la Bretagne devenait une « bête de course », regrette Christian Guillemot, le président du groupe Ubisoft (Carentoir, Morbihan), partisan de la première heure de la Bretagne réunie. Il est rejoint par une longue liste de dirigeants comme Christian Guyader (Landévarzec, Finistère), président du groupe agroalimentaire éponyme, l’industriel Alain Glon, plus connu par les chips Bret’s, et Christian Roulleau, le président du groupe rennais Samsic de nettoyage industriel.
Le poids de ces patrons n’a pas suffi et ce malgré le travail entrepris depuis des années par l’association Produit en Bretagne (Brest, Finistère) qui réunit plus de 300 entreprises, principalement de l’agroalimentaire, complétées par les grands distributeurs E. Leclerc, Intermarché et Système U. Jacques Bernard, son président, espérait depuis longtemps cette réunification pour « une accélération du développement économique » grâce à l’aéroport de Nantes-Atlantique, le port de Nantes Saint-Nazaire et l’important patrimoine industriel de la Loire-Atlantique.

LES ÉLUS BRETONS ÉTAIENT RÉTICENTS

De son côté, le géographe rennais Jean Ollivro précise que le retour à la Bretagne historique aurait eu l’avantage de constituer un ensemble disposant de « plus de 3 000 kilomètres de côtes, une façade maritime unique en France voire en Europe ». Si les élus bretons, au premier rang desquels le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, étaient réticents à ce rapprochement avec la Loire-Atlantique, ils voulaient surtout éviter la création d’une grande Région Ouest composée de la Bretagne et des Pays de la Loire. C’était pourtant l’option initiale choisie par Jacques Auxiette, le président (PS) du conseil régional des Pays de la Loire.

De notre correspondant, Stanislas du Guerny

Article publié dans L’Usine Nouvelle – 28 décembre 2014