« On n’a pas été prévenu », disent les habitants. « Il n’y avait pas moyen de prévoir », répondent les élus. « Pour un orage, ce n’est pas possible car le degré de fiabilité des prévisions n’est pas suffisant », dit à la télé un météorologue. Soit.

Il est possible de rester les bras plus ou moins ballants devant ces fatalités. Toutefois, il reste aussi curieux en 2018 de voir différents cafouillages dans les transmissions (à Plérin par exemple, entre les services de la Préfecture, la mairie et la population), voire de constater qu’à Morlaix ou Dinard les gens n’avaient qu’à plonger dans leurs bottes au dernier moment. Comme ailleurs en France, la vague des orages a, certes, été exceptionnelle et il reste très difficile de prévoir des trombes si soudaines. A l’inverse, plus les prévisions sont certifiées à l’échelle locale (le « sur-mesure »), moins on a de chances de se tromper.

Dans ce cadre, on a plusieurs fois vanté la start-up « météo Bretagne » de deux jeunes passionnés de météo. On a rappelé que le climat breton était le plus complexe de France (V. Dubreuil), avec à la fois une faible variation sur l’année et une immense variabilité structurelle liées à l’originalité péninsulaire (tempêtes, amplitude des marées, etc.). On a souligné que l’échelle française était trop vaste et nébuleuse pour prendre en compte ces spécificités régionales et locales.

On sait aussi que le réchauffement climatique risque fortement de multiplier le nombre des épisodes climatiques violents, avec une fréquence répétée d’accidents (comme à Morlaix), des conséquences économiques redoutables (la dévastation de locaux, le renchérissement exponentiel du prix des assurances, un essor des risques humains, etc.).

Avec leurs 70 stations locales, ces jeunes ont été une nouvelle fois les premiers à annoncer plus justement ces orages, ont multiplié les messages plus précis de prévention, ont été sur leur pages Facebook (déjà 31 000 « j’aime ») les premiers à diffuser les premières images, tout simplement car ils en appellent à une météo très scientifique élaborée à l’aide de stations locales et non d’algorithmes. Ils mettent aussi en place une météo participative (chacun peut poster ses photos ou vidéos) plutôt que descendante. Ils sont déjà dans le monde de demain, créant la maîtrise de l’environnement pour plus de développement.

Tout va bien ? Ils font des prouesses avec leurs 70 stations. Toutefois, de façon incompréhensible, les mairies bretonnes suivent peu (environ 1 000 Euros l’équipement !). Pas de station à Morlaix. Pas de station à Brest. Aucune dans le cap Sizun ou dans la presqu’île de Crozon. Alors que le secteur de Dinan-Saint-Malo par exemple est bien maillé, un vide surprenant concerne tout l’est de l’Ille-et-Vilaine et le Kreiz Breizh.

Ce n’est pas trop le style de la maison de faire la promotion d’une société, association ou entreprise. A l’inverse, on est surpris de voir le peu de réactions des élus bretons, voire leur apathie, alors que ce projet prouve sa performance (ils aident désormais la météo sur différentes chaînes bretonnes), qu’il est multi-services (par exemple pour informer en direct dans la commune les habitants sur « le temps qu’il fait », annoncer sur certains panneaux numériques en direct les risques, etc.). Le rêve de ces météorologues et prévisionnistes est d’avoir au moins une station par commune, de progresser sur la prévision, d’avoir une météo enfin fiable sur toute la Bretagne. C’est une réponse au fonctionnement des nouvelles sociétés et une solution pour demain. Au lieu de croire encore comme beaucoup à des météos pyramidales et des précisions descendantes « parce que cela a toujours été comme cela », la construction de cet outil mariant le global  (la précision satellitaire dont ils disposent) au local (des stations décentralisées en open source, la participation de la population) serait certainement une première mondiale. Vu les budgets nécessaires, n’est-il pas temps en 2018 d’en cesser avec ces discours fatalistes répétant « qu’on n’y peut rien ». Si les décideurs se bougent, le ciel nous tombera moins vite sur la tête.

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