L’Édito – Hiver 2024

 

La nouvelle année 2024 s’ouvre après une AG au cours de laquelle Pierre MÉHAIGNERIE * et Mickaël QUERNEZ ont montré à la fois l’importance de l’ancrage (logement, initiative locale) et du lien (organisation des services de mobilité pour connecter les bretons). A travers des exemples et des témoignages, nous aimerions proposer que l’année 2024 puisse nous permettre de mettre en évidence l’importance des dynamiques locales à l’instar par exemple d’Harmonie Mutuelle qui s’organise à l’échelle des pays, des clubs d’entreprises qui favorisent les liens de proximité, de la démarche originale construite entre SNCF, la Région et les conseils de développement de Brest, Quimper et Lorient pour mieux connecter les pays entre eux et faciliter les échanges avec le reste de la Bretagne et du monde ! L’intégralité de l’article

Édito de l’équipe de Bretagne Prospective

Logement : un appel pour une expérimentation en Bretagne

Dans le prolongement de son université d’été (Vannes le 1er septembre 2023), Bretagne Prospective
présente les principales propositions qui ont pu être formulées par les 80 acteurs présents (décideurs
économiques, professions libérales, chercheurs, responsables politiques, associations) sur un sujet
crucial : « Habiter en Bretagne : Quels Futurs « .

Le constat a été que la Bretagne est confrontée à une intenable quadrature du cercle.
Les problèmes d’accès au logement ne cessent de se renforcer. Les demandes non satisfaites
explosent dans l’habitat social. Les nombreuses résidences secondaires et les nouvelles pratiques
locatives type AirBnB, accentuent les difficultés pour les jeunes ménages, les étudiants, les
saisonniers… Des décisions étatiques, le ZAN par exemple, renforcent la rareté et le prix des terres
constructibles.
Or, dans les vingt prochaines années entre 500 000 et 600 000 nouveaux arrivants sont attendus dans
les cinq départements, la pression va se renforcer. A ce dynamisme démographique s’ajoute la
pression du tourisme. Avec 15 millions de touristes par an soit 100 millions de nuitées, la Bretagne
compte parmi les régions les plus touristiques du monde. Si rien n’est fait, la situation va devenir
catastrophique.
Cette situation bloque la dynamique économique bretonne et fragilise son secteur du bâtiment,
notamment en raison de décisions étatiques « indivisibles ». La crise s’annonce plus forte qu’en 1996,
avec des risques réels d’effondrement. Le souci, en France, est que l’on « doit » aménager le
Limousin comme le centre-ville de Paris et que l’on ne prend nullement en compte les originalités
régionales (attractivité, spécificité de l’habitat, comme ici la présence des hameaux, attachement à la
maison individuelle, etc.).
Devant les défis qui s’imposent à nous et alors que les taux d’intérêts sont particulièrement élevés, la
Bretagne veut débloquer la machine France. Faire que l’offre du bâtiment ne s’effondre pas et puisse
répondre à la demande. Il y a urgence à agir !

Les principales propositions issues de l’université d’été s’organisent autour de cinq axes :

1. Limiter la croissance démesurée des prix du foncier en renforçant la possibilité pour les
collectivités d’anticiper et de maîtriser l’acquisition des terrains à prix modéré.

2. Éviter les effets négatifs de l’application de la Loi ZAN, en faisant accepter par l’État des
expérimentations qui prennent en compte une nécessaire maitrise du foncier mais qui
s’adaptent à la diversité des territoires (les hameaux par exemple). Il s’agit de
responsabiliser au lieu de multiplier les lourdeurs administratives et les délais.

3. Orienter les moyens financiers vers ceux qui souffrent le plus de la crise : les classes
moyennes dont le rêve est d’accéder à la propriété, et les jeunes. Contrairement à ce que
vient d’annoncer le projet de loi de finances 2024, le Prêt à Taux Zéro (PTZ) ne doit pas être
centré comme aujourd’hui essentiellement sur les collectifs dans les métropoles et
villes principales (zones tendues) mais s’étendre, y compris pour les maisons individuelles,
à des primo-accédants pénalisés par des taux d’intérêts élevés.

4. Piloter une politique d’aménagement du territoire basée sur les pays et bassins de vie pour
favoriser un maillage territorial qui aiderait à réduire la crise du logement tout en renforçant
la résilience des territoires (l’esthétique des constructions, l’accès à l’alimentation, à l’eau…).

5. La taxe supplémentaire de 5% à 60% sur les résidences secondaires n’a été envisagée
que pour 202 communes bretonnes et pourrait être choisie dès lors que ce prélèvement aide
au développement de l’offre de logements pour les jeunes, les salariés et les résidents
principaux.

A l’issue de cette Université d’été, Bretagne Prospective demande que les outils de gestion de la
politique foncière puissent prendre pleinement en compte le tissu des villes moyennes et petites,
l’originalité totalement oubliée des hameaux, la création d’habitats écologiques et réversibles de
qualités et une revalorisation renforcée des 8 % des logements vacants afin d’offrir aux Bretonnes et
aux Bretons une diversité possible d’habitats permettant de faire face à la crise et de répondre aux
différentes aspirations.

Une expérimentation bretonne est demandée car l’originalité du territoire l’exige, ainsi que la
capacité ici de tous les acteurs à coopérer pour trouver des solutions innovantes et respectueuses
des enjeux du foncier. Si Paris ne bouge pas, une plateforme lançant éventuellement un fonds de
dotation à partir d’un collectage privé sera envisagée. Elle associerait architectes, constructeurs,
ingénieurs, industrie des matériaux, géologues, hydrologues, spécialistes de l’agriculture ou de la
mobilité pour apporter des réponses aux immenses défis auxquels la Bretagne est aujourd’hui
confrontée, tout en respectant ce qui fait l’originalité et la qualité du cadre de vie breton.

Parmi les signataires : Bretagne Prospective, Pierre Méhaignerie (ancien ministre du Logement),
David Lesvenan (adjoint à l’urbanisme de Quimper), Hervé Kermarrec, la Fédération du Bâtiment de
Bretagne, Maisons de Qualité, Aiguillon Construction.

Université d’été de Bretagne Prospective : le logement breton en question

Bretagne prospective organisait sa 3ème université d’été sur le thème du logement. Se sont rassemblés à cette occasion à la fois des habitués de Bretagne Prospective et des acteurs institutionnels ou issus du monde de l’entreprise, des spécialistes des questions de l’habitat, de la construction à l’organisation de l’espace.

80 personnes étaient présentes ce jour à Vannes pour réfléchir et proposer des pistes pour le logement demain en Bretagne. Il faut dire que le think tank Bretagne Prospective a en effet visé juste en proposant ce sujet, particulièrement brûlant.

L’intégralité de l’article

Article de Maëlig Tredan, publié sur Abp.bzh

 

Bretagne Prospective renouvelle son intérêt pour un appel à projets déclaré infructueux

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Étude d’impact du rattachement du Département de Loire-Atlantique à la Région Bretagne : Bretagne Prospective renouvelle son intérêt pour un appel à projets déclaré infructueux

Dans le cadre de la consultation relative au rattachement du Département de Loire-Atlantique à la Région Bretagne dont l’organisation sera sollicitée auprès de l’État en 2023, le Conseil départemental de Loire-Atlantique et la Région Bretagne ont lancé au dernier trimestre 2022 un appel à projets sur une étude d’impact du rattachement du Département de Loire-Atlantique à la Région Bretagne.

Financée par les deux institutions, cette étude multicritères doit couvrir les questions institutionnelles, d’aménagement, économiques et sociales, touristiques, d’éducation, d’offres culturelles, de langues régionales, de vie démocratique et de l’impact sur le mouvement associatif. L’étude devra prendre en compte l’Histoire de la Bretagne et les réalités existantes de coopérations économiques, culturelles et sociales et de fonctionnement entre la Région Bretagne et le Département de Loire-Atlantique.

Elle devra par ailleurs objectiver les éventuelles tendances ou dynamiques existantes en faveur de l’intégration du Département de Loire-Atlantique à la Bretagne, en s’appuyant sur divers indicateurs, comme l’extension des réseaux Diwan et Div yezh, le nombre d’adhésions dans les associations favorables à cette intégration, la vitalité des échanges culturels, le nombre et la localisation des communes souhaitant le rattachement.

BRETAGNE PROSPECTIVE VEUT FAIRE VALOIR SON EXPERTISE

Créé en 2000 dans l’esprit du CELIB et déjà à l’origine de nombreuses études et opérations consacrées à cette thématique, le Think-Tank Bretagne Prospective prend acte de l’infructuosité de l’appel d’offres et tient à rappeler qu’il entend soit candidater à une nouvelle consultation, soit apporter son expertise à la réalisation de l’étude en cours.

« Le fait que cet appel d’offres ait été déclaré infructueux en regard de la rémunération prévue témoigne non seulement de la quasi-impossibilité de le repérer dans le labyrinthe des avis administratifs, mais aussi, par incidence, de la complexité du sujet ». Pour Jean Ollivro et l’Association Bretagne Prospective, « de nombreuses études ont déjà été menées sur cette importante question. Le département de Loire-Atlantique et la Région ne veulent pas d’une « énième » étude qui viendrait enfoncer quelques portes ouvertes mais bien d’une analyse originale, ambitieuse, argumentée, témoignant non seulement d’une parfaite connaissance de la grande région Bretagne mais aussi d’une compréhension des enjeux notamment économiques et culturels des territoires de demain ».

QUI MIEUX QUE LES BRETONS ?

Avec de nombreux grands décideurs appartenant à la sphère économique, sociale ou culturelle de tous horizons géographiques ou politiques, Bretagne Prospective entend associer les compétences nécessaires, au sein de l’association comme en dehors, pour présenter au Département et à la Région une réflexion fondatrice et objective qui pourra non seulement servir de support à la réflexion des responsables et élus en charge de ce dossier complexe et stratégique mais aussi servir à tous ceux qui agissent pour que le prisme régional soit pris en compte dans l’organisation globale du territoire français.

Rappelons à cet égard que les résultats de ce travail de fond devront alimenter les réflexions des commanditaires et, de manière plus étendue, de l’ensemble de la société civile, dans le cadre de la consultation relative au rattachement du Département de Loire-Atlantique à la Région Bretagne dont l’organisation sera sollicitée auprès de l’État en 2023.

« Et qui mieux que des Bretons responsables et déjà fortement engagés dans l’action pour mener à bien cette réflexion bretonne », ajoute Jean Ollivro, soulignant que l’association entend parallèlement manifester son intérêt pour participer aux réflexions engagées par l’État sur la question plus globale de l’identité de la région Bretagne dans le cadre évoqué par le Président de la République Emmanuel Macron.