Certaines entreprises éprouvent des difficultés à intégrer la transition digitale (processus qui permet d’intégrer les technologies digitales disponibles au sein d’une activité). Être pédagogue vis-à-vis de ce processus est une nécessité. Diverses formations sont disponibles en Bretagne (offertes par Google Ateliers Numériques et les CCI notamment). L’objet de cet article n’est pas d’envisager toutes les solutions. Il est de valoriser les initiatives bretonnes afin qu’elles inspirent leurs homologues. Précisément, il s’agit d’illustrer dans quelle mesure un commerce de proximité peut offrir une expérience client particulière et profiter à moindres frais du numérique.

Mars 2013, Eric & Nadège se sont lancés dans le commerce de prêt à porter et ouvrent le « Celtico Mode & Sport » à Saint Aubin du Cormier (commune de 3700 habitants entre Fougères et Rennes). Début 2016, ils ouvrent, adossé à leur commerce, un espace détente (sauna jacuzzi) ainsi qu’une salle de sport. Fin 2016, Eric parcourt YouTube et visionne une vidéo « Jumping Fitness ». Peu après, en mars 2017, il ouvre la première salle de « Jumping Fitness » de Bretagne. L’activité « Jumping » a rencontré un tel succès qu’elle a été délocalisée à une centaine de mètres du Celtico dans une salle dédiée. Aujourd’hui, le « Celtico Mode & Sport » compte une boutique de vêtements, un espace détente, une salle de sport, une salle de « Jumping Fitness » unique en Bretagne, et un emploi fixe.

Pourquoi l’exemple du Celtico ? Des atouts valorisés et de l’événementiel

Le Celtico, un développement intelligent et une prise de risque à saluer. Ouvrir un commerce de prêt à porter dans une commune de moins de 4000 habitants à l’heure où le commerce en ligne explose, c’est osé. Toutefois, non seulement l’activité du Celtico s’est pérennisée, mais elle s’est diversifiée. Comment expliquer ce succès ? Tout d’abord, le magasin est un commerce de proximité et s’assume en tant que tel. Sympathie, connaissance et écoute du client, horaires d’ouverture adaptés… le commerce a capitalisé les atouts de sa proximité. Ensuite, Eric et Nadège ont laissé libre cours à leur créativité : expérimenter une activité de « Jumping ». Les clients du magasin ont été invités à essayer l’activité et ensuite le bouche à oreille a fait effet. Le succès du Jumping, de surcroît, a permis de renforcer l’activité initiale qu’était le prêt à porter (via la vente de vêtements).

Un usage pertinent des réseaux sociaux

Bien que les réseaux sociaux soient une alternative peu coûteuse au site internet, seuls 37% des artisans bretons les utilisent pour 25% des PME bretonnes. Contrairement à la majorité de ces entreprises, le Celtico est présent sur les réseaux sociaux (Facebook notamment) et partage les nouvelles tenues du magasin avec ses internautes. L’enseigne compte 1660 followers sur Facebook. Il semblerait que le Celtico ait pertinemment identifié ses besoins en numérique en fonction de sa clientèle et de son activité. Pour identifier ce besoin, il s’agit surtout d’être à l’écoute de ses clients, chose que Éric et Nadège ont intégrée.

L’événementiel : un renfort pour la visibilité et l’attractivité du commerce

En effet, le Celtico organise de nombreux événements et contribue à l’animation de la commune. Par exemple, pour ne citer que celui-ci, le 5 octobre 2019 le couple a organisé un défilé de mode au profit de l’association « Les étoiles de la vie » (défilé auquel j’ai participé et qui a tout de suite nourri cette réflexion). 10% des ventes réalisées ce jour-là ont été reversées à l’association. Cet événement permet au client de contribuer à une cause, d’assouvir son besoin via l’achat d’un vêtement, et de profiter d’un divertissement qu’est le défilé. Du début à la fin, l’expérience proposée au client brille par son originalité. Une expérience originale et divertissante et pourtant Nadège et Eric n’ont rien inventé. Il s’agit avant tout d’identifier les points de force de son activité et de les capitaliser.

L’événementiel permet de drainer de nouveaux consommateurs et d’en fidéliser d’autres. C’est également la possibilité pour le commerce d’offrir une expérience particulière et de motiver la proximité physique des individus. Cela renforce la relation entre consommateurs et commerçants, cela crée une réelle communauté autour de l’activité (interconnaissance des clients, écoute du consommateur, conseil au consommateur, etc.). In fine, un événement réussi motive le bouche-à-oreille et le partage sur les réseaux sociaux, autant de facteurs qui contribuent à pérenniser une activité. Les réseaux sociaux sont des publicités gratuites qui contribuent à la notoriété et à une bonne « e-réputation ». Chaque client doit être considéré comme un potentiel influenceur. Il s’agit donc d’offrir au client la possibilité d’influencer.

Vincent Tual